Les récits de parents prenant des mesures pour empêcher leurs enfants d'épouser une personne qu'ils n'approuvent pas couvrent tout le spectre de l'histoire de l'humanité. Mais dans certains cas, les mesures qu'ils prennent sont si radicales qu'elles défient toute logique.

C'est le cas de Blanche Monnier, mondaine parisienne de 25 ans, qui, comme beaucoup de femmes de son âge, cherche activement un prétendant pour fonder une famille et élever la prochaine génération d'êtres humains.

Blanche Monnier tombe amoureuse

Blanche est tombée amoureuse d'un avocat, qui se trouve être en difficulté financière et qui est d'un certain âge. La mère de Blanche, Madame Lousie, ne veut pas que sa fille épouse cet homme, estimant qu'il est inférieur à elle. Mais qui était-elle pour dire à Blanche qui elle devait aimer ?

Après que Madame Louise a décrété que Blanche ne devait plus voir cet homme, Blanche a refusé. Mais, bien sûr, sa mère n'allait pas en rester là, et elle a fait appel à la pitié de sa fille pour sa mère, la suppliant de mettre fin à leur relation.

Devant le nouveau refus de Blanche, Madame Louise comprend qu'il n'y a aucun moyen de la faire changer d'avis sur le fait d'épouser un avocat fauché. Elle prend alors la mesure suivante, la plus radicale : elle enferme Blanche dans une pièce minuscule jusqu'à ce qu'elle accepte de mettre un terme à sa relation amoureuse.

Blanche Monnier est enfermée

Madame Louise savait qu'il s'agissait d'une mesure radicale, mais elle pensait que c'était la meilleure. D'ailleurs, qui pourrait supporter un tel sort aussi longtemps ? Blanche allait sûrement céder tôt ou tard, n'est-ce pas ? Malheureusement pour tout le monde, Blanche était bien plus résistante et refusait de céder aux demandes.

Madame continue donc de garder sa fille enfermée, ne la nourrissant que des restes de ses propres repas, ne la laissant jamais sortir pour des raisons de santé ou d'hygiène, craignant que Blanche ne s'enfuie avec son amant.

Comme Blanche ne cède pas, sa mère ne cède pas non plus et garde sa fille prisonnière dans la petite chambre pendant 25 ans.

Blanche dépérit dans cette pièce à partir de 1876. L'ironie de son emprisonnement est que son amant décède en 1885, neuf ans plus tard, alors que sa peine se prolonge pendant 16 ans.

Pour tous ceux qui l'ont connue en France, Blanche s'est tout simplement volatilisée. Sa mère et son frère ont affiché une façade cruelle, pleurant le membre de leur famille disparu, et après un certain temps, ils se sont installés dans une routine quotidienne comme si de rien n'était, cachant le terrible secret de Blanche pendant deux décennies et demie.

Une lettre anonyme

Des années plus tard, en mai 1901, le procureur général de Paris reçoit une lettre anonyme décrivant le traitement horrible et inhumain d'une femme gardée en captivité à Poitiers, en France.

La lettre griffonnée disait : "Monsieur le Procureur général, j'ai l'honneur de vous informer d'un fait exceptionnellement grave : il s'agit d'une vieille fille enfermée dans la maison de Madame Monnier, à moitié affamée et vivant sur une litière putride depuis vingt-cinq ans - en un mot, dans sa propre crasse".

Après tout, Madame Louise Monnier Demarconnay était une femme vivant dans un quartier aisé avec son fils Marcel et était considérée comme une citoyenne honnête.

Cette femme est diplômée d'une prestigieuse école de droit, ancienne fonctionnaire de l'administration de la commune de Puget-Theniers, et veuve du directeur d'un centre d'art local, son défunt mari, Emile.

D'après ce qu'ils savaient de la famille, celle-ci avait été suffisamment éprouvée par la perte de leur fille Blanche deux décennies et demie plus tôt, de sorte que les allégations de la lettre suscitaient beaucoup de scepticisme et d'aversion. Si ce n'est que pour prouver que la lettre est un canular, la police a été chargée d'enquêter sur l'affaire.

La police retrouve et libère Blanche Monnier

Lorsqu'ils arrivent au domicile, la porte est fermée à clé et, après avoir frappé à plusieurs reprises, personne ne les laisse entrer. Les policiers pénètrent de force dans le domicile et sont immédiatement stupéfaits par l'odeur putride qui s'en dégage.

Des recherches plus approfondies sur la source de l'odeur à l'étage supérieur de la maison les ont conduits au grenier, où ils ont forcé l'entrée. Ils ont trouvé une fenêtre à battants bloquée par de lourds rideaux, recouverts d'une épaisse couche de poussière. Les volets étaient verrouillés et il a fallu les sortir de leurs gonds pour qu'ils laissent passer la lumière.

Blanche Monnier retrouvée, 1901

Une fois la chambre moisie éclairée par la lumière du soleil, les enquêteurs ont été choqués par ce qu'ils ont découvert : Blanche Monnier, recouverte d'une vieille couverture crasseuse, blottie dans le coin du fond de la pièce.

Malgré son apparence squelettique, elle était encore en vie. Elle ne portait aucun vêtement et reposait sur une paillasse pourrie, complètement imbibée d'excréments et d'urine. Elle était gravement sous-alimentée, pesant à peine 55 livres.

On peut imaginer le choc qu'a provoqué dans la société l'arrestation de Madame Monnier, lauréate d'un prix du Comité des bonnes œuvres pour ses contributions d'une grande générosité à la ville, qui a avoué son crime hideux une fois emprisonnée, mais qui est décédée à peine 15 jours plus tard.

Marcel, le fils et frère de Blanche, a été jugé pour l'avoir aidée et condamné à 15 mois de prison. Il a affirmé que Blanche aurait pu quitter la pièce à tout moment, mais qu'elle a volontairement choisi de ne pas le faire et a été laissée en liberté, à la consternation et au choc de la salle d'audience.

Douze ans après sa sortie de captivité qui a dominé la moitié de sa vie d'adulte, Blanch Monnier, également connue sous le nom de La Séquestrée de Poitiers, s'est éteinte dans un sanatorium du Bois en 1913, ne laissant derrière elle que l'histoire du crime hideux commis par sa famille.